L’Apprentissage après la Réforme de 2018 : Nouveaux visages, nouvelles inquiétudes

L’apprentissage après la réforme de 2018

Depuis la réforme de 2018, le paysage de l’apprentissage a été profondément bouleversé. La promesse d’un développement massif des formations en alternance s’est traduite par une hausse notable du nombre de contrats d’apprentissage signés. Mais à quel prix ? Si les chiffres sont là pour répondre aux objectifs quantitatifs, ils cachent une réalité plus complexe.

Une récente étude du Céreq (2023) met en lumière les profondes transformations induites par cette réforme. Parmi les principaux constats, on note l’arrivée massive de nouveaux acteurs dans le champ de l’apprentissage, notamment des organismes privés et des CFA issus de structures jusqu’alors éloignées du modèle traditionnel. Ces nouveaux venus, souvent motivés par les incitations financières mises en place, posent question : la qualité de l’accompagnement et des formations est-elle à la hauteur des ambitions affichées ?

Par ailleurs, le profil des apprentis a également évolué. Les jeunes issus des filières générales sont désormais nombreux à opter pour cette voie, attirés par des débouchés jugés plus prometteurs. Cependant, cette évolution a un revers : les publics les plus vulnérables, historiquement au cœur de l’apprentissage, risquent d’être laissés pour compte. Les tensions sont également palpables du côté des entreprises, où la multiplication des contrats d’apprentissage se heurte parfois à une capacité d’accueil limitée ou à un accompagnement insuffisant.

L’apprentissage, qui devait être un levier d’égalité des chances et d’accès à l’emploi, montre donc de nouvelles fragilités. Les syndicats ne peuvent ignorer ces signaux d’alerte. Derrière la façade des succès statistiques se cache une réalité où les inégalités persistent et où les travailleurs de demain, apprentis aujourd’hui, pourraient être les premières victimes d’un système fragilisé.

Nous exigeons que des mesures soient prises pour garantir la qualité des formations, l’accompagnement des jeunes les plus en difficulté et un soutien accru aux entreprises formatrices. Il ne s’agit pas seulement de former plus, mais de former mieux, pour un avenir où l’apprentissage sera véritablement une chance pour tous.

Télécharger la publication Benoît Cart, Marie-Hélène Toutin-Trelcat, Céreq Bref, n° 462.

Publié par Jérôme Stravianos

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